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Artisan orfèvre des mots Spécialisée en filigrane.

dimanche 20 novembre 2016

Billet : Trouver sa place au soleil


Une petite fille qui erre dans une grande ville, hagarde dans un quartier populaire. Des yeux trop grands, trop vifs pour accepter sa condition de miséreuse, un ventre maigre, une ossature qui tient par miracle debout. La silhouette de prédateurs autour d’elle, l’ombre d’agresseurs à chaque pas qu’elle fait, même et plus encore lorsque le soleil décline.
D’un père disparu, il ne lui reste de famille qu’une mère inconsciente, qui fait des ménages en journée et se drogue la nuit pour oublier; une vieille grand-mère hémiplégique dont l'âge a avalé l’esprit, et un petit grand frère qui a déjà subi toutes les offenses de la ville.
La petite est sale et désespérée, elle traîne sur le trottoir à la recherche d’une vie meilleure. Elle a repéré une jolie vitrine, avec des vendeuses qui lui semblent bienveillantes. Elle revient les observer tous les jours, passe des heures assises sur le perron pour se repaître de leur chance. Elles respirent un air propre, même si elles cachent derrière l'uniforme leurs tristes histoires personnelles.
Elle aurait voulu rentrer dans leur peau, gagne chaque jour un peu plus de distance pour se rapprocher. Et le jour où le rêve est trop fort, elle fait inconsciemment quelques pas dans leur local. On la chasse, pas méchamment, on la cajole de restes de biscuits, elle dérange leur commerce. Elle s’en va et va tourner en rond autour du quartier, autour de la ville, à la recherche d’autres vitrines. Elle n’a nul endroit où rentrer. Personne ne l’attend dans le cagibi que sa mère squatte.
Elle revient le lendemain. Son regard est à lui seul un cri de détresse, un appel SOS. Elle ne parle pas, ne demande rien. Elle est là juste pour regarder, ne fait de mal à personne. On finit par la prendre en pitié, on recherche sa mère qui disparaît des semaines entières, on parle à sa grand-mère allongée sur une natte qui discute déjà avec ses visiteurs invisibles. Le chaos assourdit les têtes, le frère est également absent ce jour-là, encore. On cotise, on l’emmène au Hammam pour la laver de l’outrage du temps. On l’habille de vêtements trop grands qu’on a récoltés chez les uns et les autres… On lui trouve même une garderie... Pour la garder un temps, le temps que la journée passe, que son ombre ne plane plus, et qu’elle ne soit la vitrine de la misère… Un rappel permanent de la maladie dont notre société souffre.
Son histoire est celle de milliers d’autres. Ils traînent dans les quartiers périphériques de nos villes, des milliers de garçons et de filles, qui ne quémandent pas notre compassion, ils sont nés de hasard de destin, c’est tout. Ils ont un air absent, blasé. Leur regard criant au début, perd de plus en plus de son brillant, il s’estompe et laisse place à ce mal-être qui ronge nos villes.
Nous aurons beau l’orner de tous les atours, nos cités resteront hantées par ces yeux qui s’éteignent par l’indifférence des gens. La société civile ne pourra recueillir toutes les âmes damnées que rejettent nos villes et campagnes. La pauvreté n’est pas un vain mot, elle nous environne et se terre partout.  Ni le maquillage ni les petits à-coups de prise de conscience ne peuvent la gommer. 
La faim est un sentiment primitif, qui ne connaît pas les conventions. Elle est laide, traître et sauvage. Il n'est pas étonnant que les vitrines servent de premières cibles à chaque mouvement populaire, leur transparence exacerbe le sentiment d'injustice. 

mardi 1 novembre 2016

Tribune : L'espadon de la colère

Lien de l'article publié sur le Huffington Post : http://www.huffpostmaghreb.com/meriem-h-hamou/lespadon-de-la-colere_b_12745804.html?utm_hp_ref=maghreb

Je suis sans mots devant le désastre d'un jeune homme si désespéré qu'il a suivi la marée de sa nasse pour être broyé dans un camion poubelle. L'atrocité de cet acte n'a de comparaison que le jeune diplômé chômeur, qui s'était immolé il y a quelques années devant le parlement. Le désespoir, la misère, la paupérisation de nos populations poussent nos jeunes de plus en plus vers ces actes ultimes.
Sans entrer dans le débat de la responsabilité ponctuelle de cet accident, et tout en me solidarisant complètement avec la famille et les proches de Mouhcine Fikri, j'aimerais pointer le doigt sur un angle de ce tragique évènement qui a été occulté: la pêche interdite en cette saison de l'espadon. Ce poisson à la chair fine, dont le prix au kilo s'envole encore plus en cette période, est allègrement consommé par les plus aisés d'entre nous. Je poserais alors la question qui dérange: à qui profite le crime? Pour répondre haut et fort à ses revendeurs dans le marché occulte de la restauration de luxe, et surtout à tous ses consommateurs.
Nous sommes tous responsables de remplir nos assiettes de marchandise illicite qui transite par des voies occultes. À chaque fois que nous consommons une nourriture qui ne passe pas par la voie légale, nous encourageons la contrebande et ses conséquences: nous remplissons les poches de fonctionnaires véreux qui ferment les yeux sur leur passage, et engraissons tous les intermédiaires qui, par un moyen ou un autre, puisent dans nos faiblesses pour nous servir ces affligeants plats.
Le tragique de ce décès doit également nous éclairer sur une autre réalité: l'État qui joue au borgne dans cette économie souterraine. Un coup je nettoie un peu et un coup je laisse faire: une hypocrisie qui touche tous les secteurs, et qu'on laisse faire dans l'espoir de diminuer la courbe ascendante du nombre de chômeurs.
Qu'on vienne maintenant me parler des islamistes qui sont au pouvoir depuis cinq ans, qui avaient clamé haut et fort qu'ils allaient assainir et mieux partager, et qui ont profité de leurs postes et immunité pour acquérir de plus en plus d'avantages et s'enrichir sur notre dos. Pire que ça, notre chef de gouvernement demande aux membres de son parti de ne pas manifester leur solidarité avec ce jeune pêcheur, il aurait même fait pression sur la propre famille de la victime afin qu'ils ne défilent pas. Le poids de la responsabilité de cet acte a dû peser si lourdement sur ses épaules qu'il l'a aveuglé. Le discernement dont il doit faire preuve, la compassion et la solidarité ont glissé dans les rets du bourrage de portefeuilles ministériels.
Jusqu'à quand allons-nous continuer à soutenir ces gens? Parce que clairement, à chaque fois que nous laissons faire, que nous ne votons pas pour un vrai changement nous les encourageons implicitement. À chaque fois que nous n'élevons pas la voix pour demander un changement, nous trahissons nos valeurs et ceux de nos concitoyens; nous nous désolidarisons avec les plus faibles d'entre nous et les envoyons dans la géhenne de ces braderies clandestines, avec au bout la mort de pauvres innocents.
Cela étant, j'aimerais également vous mettre en garde contre les marchands de chimère hameçonnés par des pirates de tout acabit et qui frétillent en déversant leur flot de haine et de discorde. Ils profitent de la moindre anicroche dans notre pays pour amplifier l'évènement et nous renvoyer dos à dos.
Cette tragédie est arrivée à Al Hoceima mais pourrait survenir partout ailleurs, nous devons garder en tête que l'Arabe et l'Amazigh sont des frères siamois qui constituent le corps de notre pays, et qui ne peuvent être séparés sans faire périr les deux. Et au lieu de jouer aux voyous par des actes malveillants, qui n'auront de conséquences qu'à enfoncer notre pays dans l'anarchie, et se frotter les mains aux marchands d'armes, gardons la tête froide pour analyser calmement la situation.
Commençons par nous corriger nous même, chaque appareil acheté, chaque chaussette portée, chaque bouchée qui ne provient pas de la voie légale de transit de marchandise porte la marque indélébile d'une sueur corrompue. Donner même un dirham pour un service qui nous est dû, nous place directement au centre de la corruption. Corrigeons-nous et assainissons nos institutions et nos gouvernants, votons à chaque fois que c'est possible et revendiquons par les moyens légaux dont nous disposons. Ils ne peuvent se contenter de gouverner, ils en sont comptables et doivent rendre compte de leur politique et agissements.
Nous sommes, paraît-il, les champions du monde de la délation, utilisons-la à bon escient cette fois-ci, et dénonçons les responsables qui tirent notre pays vers le bas, à l'image de ceux de cette catastrophe, et en premier lieu le chef de notre gouvernement qui les a placés là.

jeudi 27 octobre 2016

Billet : La parfaite attitude


Tout est affaire de goût. Il y a du génie dans la création, mais on ne peut dire que tout créateur est un génie. Et pourtant. Sans aller dans le concept métaphysique ou scientifique de notre première création, qui est sans conteste l’apothéose de tout ce qui peut se concevoir en talents combinés, nous pouvons dire que chaque personne qui cultive un don quelconque, qui s’approche de l’art, de la culture, ou même de l’agriculture, est géniale parce qu’elle frôle l’essence même de la création qui est la beauté. La recherche esthétique qu’elle soit visible à l’œil nu, ou celle de la pureté de l’âme, fait vibrer une corde sensible profondément ancrée en nous. La raison en est simple, nous poursuivons tous la même quête : nous rapprocher de la perfection.
Personnellement je trouve ce concept universel, il concerne tous les domaines, et dépasse celui des arts pour s’étendre sur la recherche scientifique et même la conquête de l’espace. Tous, sauf un : l’accumulation des richesses. Quand je pense que moins de 1 % de personnes détiennent 99 % des ressources naturelles de la terre, je suis révoltée. Le partage égal serait l'idéal, bien évidemment, mais les exemples de sociétés politiques basés sur ce principe ne sont pas ce qui s'est fait de mieux à travers l'histoire. Le communisme n’a servi que sa propre idéologie pour mieux spolier les pays qu’il a exploités. En revanche, une meilleure répartition pourrait tous nous servir, et éviter au moins la famine.
Vous devez vous dire que ce discours est creux, mille fois galvaudé et que charité bien ordonnée commence par soi-même, mais il me permet d'étayer mon argumentation. Si chacun de nous donnait un peu de ce qu’il avait, si nous partagions un tant soit peu nos propres ressources, nous pourrions tous par ce moyen cultiver cette beauté, cette pureté de l’âme, le but ultime de notre création.
Par ce texte, je voudrais rendre hommage à tous ceux qui donnent sans compter, à tous ceux qui s’engagent dans des associations pour aider les moins favorisés, à tous ceux qui partagent l'harmonie sous toutes ses formes. Par votre bonté, vous êtes des créateurs de beauté. Donnez, et soyez généreux afin de vous perfectionner. Vous êtes les parfaites personnes pour quelqu’un.

mardi 4 octobre 2016

Nouvelle : De la brillance à la couleur du vote.

Avertissement de l'auteur : Toute ressemblance des personnages premiers, secondaires ou même tertiaires, avec des personnes que les lecteurs ont connu, connaissent où seront amenés à fréquenter, est purement fortuite :) .


« Tout ce qui brille n’est pas de l’or. »
C’est bien ma nouvelle copine Noor qui me l’a dit. Elle dont l’apparition occulte tout, et dont le nom est inscrit en surbrillance sur sa carte de visite. Elle m’a aussi dit qu’elle se méfiait de ceux qui voulaient l’éclairer, et que la nature humaine était versatile.
Au début j’ai cru qu’elle parlait des élections. Comme nous sommes en période électorale, j’ai tout de suite fait le lien. Sa vision avait tant de profondeur, que j’ai passé en revue les symboles de nos partis politiques pour comprendre de quoi elle parlait.
C’était ingénieux de sa part d’éviter de se mouiller et donner ces sortes d’indices. J’attendais qu’elle parle du livre, de l’enveloppe, du cheval ou même du tracteur… Je ne suis pas trop regardante et ne connais des partis politiques que les petits dessins qu’ils nous ont croqué ; même pas leurs slogans.
Mais par la suite, j’ai compris qu’elle parlait de Rabab. Elle ne supportait pas que son amie s’achète un sac Hermès et le ramène au fitness en le mettant bien en vue, dans la salle d’entraînement.
« Soi-disant, elle n’a pas eu le temps de passer aux vestiaires ! » m’a dit Noor sur le ton du mépris, contre sa nouvelle ennemie.
Vous me connaissez, je ne suis pas trop médisante, mais cela m’a fait sourire intérieurement. C’était sa manière d’être un peu envieuse de son amie, qui vit pourtant aux mêmes standards de luxe qu’elle. Mais quand elle m’a raconté comment son amie lui a faussé compagnie et l’a mise sur une mauvaise piste lors de leur virée de shopping à Paris, j’ai enfin compris son mécontentement, autant que j’ai saisi la défection de sa copine. Je ne suis pas particulièrement férue des achats, mais j’aime bien aussi, de temps en temps, me procurer des babioles originales pour me distinguer de la masse.

D’ailleurs, à quel degré de brillance peut-on dire que c’est trop ?
Parce que je n’ai pas encore saisi la limite. Entre ceux qui se mettent de pied en cape, sac et chaussures compris, tout en luisance et en marques, de véritables hommes-sandwichs ou publicités ambulantes, et ceux qui n’en porte qu’un, mais le plus voyant possible…
Et dans le même ordre d’idées : ceux qui postent chaque jour leurs photos de vacances sur Facebook, Instagram et slashent à tout va sur Twitter, et ceux qui cliquent sournoisement le restaurant étoilé où ils dînent…
Il doit y avoir des degrés, une nuance ? Non ? C’est quand même du m’as-tu-vu à tous les étages !
Peut-on dire que ces personnes veulent juste partager leur beauté, leurs expériences et la splendeur des pays qu’elles visitent et nous en enrichir, ou bien n’existent-elles que par le nombre important de nos likes ? Un peu comme si leur vie dépend de leur image. Un besoin d’exister satisfait à travers le regard des autres.
Vaste sujet, que je ne suis pas prête à débattre, puisque je souffre moi-même de cette vanité : j’ai récemment inondé mon mur Facebook de plusieurs photos de Noor et moi, pour qu’on sache bien que je suis son amie.

Noor est si éclatante que tout le monde veut se rapprocher d’elle. Elle est ortho-endo-paro…etc. dentiste. Elle a toutes les spécialités de l’art dentaire, elle est à elle seule une clinique sur pied. Tu penses que j’ai essayé d’être son amie, j’ai les dents pourries. Ça me prendrait toute une vie si je devais me faire faire des couronnes au prix du marché. Ne parlant même pas des implants, il m’aurait fallu gagner au loto. Sauf que je ne joue pas.
Il est vrai qu’au début j’avais plutôt recherché un dentiste. Mon besoin de me stabiliser me tracasse régulièrement, même si j’aime beaucoup cette liberté acquise sur le tard. Mais comme ils étaient tous pris, ou en tout cas les plus intéressants d’entre eux, je me suis rabattue sur elle.
J’ai bien choisi également. Non seulement pour l’intérêt des petites remises qu’elle ne manquera pas de m’octroyer, mais également pour la possibilité de m’introduire, même par la petite porte, au cercle restreint des femmes à la page.
Vous vous souvenez que j’avais émis le désir de renforcer mes capacités physiques, afin de mieux gérer les aléas que la vie ne manquera pas de m’occasionner ? Eh bien, aujourd’hui Noor m’a emmené dans son fitness pour un cours d’essai.
Inutile de dire qu’elle m’a invitée, parce que cette seule séance m’aurait coûté un plombage. Vous remarquez là que j’utilise une sorte d’étalonnage. Il est dû en grande partie à la déformation professionnelle de mon métier de déléguée médicale, ainsi qu’à ma pressante nécessité de me soigner les dents. D’ailleurs, en dehors de mes besoins essentiels de vie tels que le loyer, la nourriture et le téléphone, je compte le reste en actes médicaux.

Je n’ai pas pris de risques pour cette sortie. Ma sœur étant une sportive compulsive, j’ai pioché en douce de son placard des articles qui avaient l’air neufs, et surtout portant des signes évidents. Je ne connaissais de Noor que son cabinet supra-moderne et les bijoux voyants à travers sa tunique médicale, mais quelque chose me disait qu’elle devait être distinguée en civile.
Et j’avais raison. Elle est arrivée à bord de son coupé décapotable rutilant, a pilé juste devant la porte et a passé la clé au "concierge", après être descendue en sautillant avec élégance. J’étais saisie même par sa façon de se mouvoir dans l’air. On avait l’impression que tout s’arrêtait en sa présence. Et puis, elle est si lumineuse qu’elle attire tous les regards.
Mais Noor ne peut pas supporter de brillance de la part de ses amies proches. Normal, trop de soleil aveugle… ou bien elle craint un court-circuit général. C’est peut-être pour ça qu’elle a accepté mon amitié…
Elle juge tout le monde aux œillères de son vécu également. Et comme elle vit au-dessus des autres, elle les voit donc de haut.
On en était donc là: moi, avec mon survêt qui a paru tout à coup délavé, et elle avec sa brassière Mara Hoffman, son leggings EA avec des estampes et strass, ses baskets de la dernière création Nike, sans oublier un petit bout de chair doré entre le haut et le bas (souvenir de ses dernières vacances ensoleillées), quand elle m’a sorti cette phrase.
J’ai failli recracher la gorgée d’eau, que j’étais en train d’avaler, après le petit échauffement qu’on nous a fait exécuter et qui avait déjà fait monter mon cœur à ma gorge.
Une petite bouffée de Ventoline plus tard, je me suis reprise et c’est là que j’ai pensé aux élections. Je ne sais pas pourquoi je l’ai fait d’ailleurs, peut-être me cherchais-je des excuses pour me dire que ma nouvelle copine n’était pas que superficielle, mais qu’elle avait développé cette carapace d’apparence pour que personne ne voie d’assez près ses défauts et faiblesses.
Ce qui est certain, en tout les cas, c’est que si elle savait que son prénom symbolise le parti politique qui comporte deux célèbres prédicateurs découverts en plein ébats amoureux dans une Mercedes, elle changerait tout de suite de marque de voiture. Je pense même qu’elle pourrait se débaptiser et choisir un autre prénom.
Pensez-vous ? Les love-birds, comme on les a appelés outre-Atlantique ! Pour un peu, leur histoire m’aurait touchée.
C’est mignon !
Sauf que je me suis très rapidement remise de mon émoi, lorsque j’ai vu une vidéo virale où notre moralisatrice demande aux filles de ne pas regarder les films sentimentaux le soir. D’après elle, leurs yeux le lendemain seraient si imprégnées d’amour qu’elles pourraient troubler les garçons…
Il fallait la trouver celle-là ! Elle a presque du génie dans son imagination perverse.

À propos des élections, pourquoi doit-on choisir entre plusieurs motifs ? Je sais que notre pays détient un nombre record d’illettrés, mais n’aurait-il pas mieux valu nous mettre la photo du représentant de chaque parti et son délégué régional ?
Parce qu’il faudrait une mémoire phénoménale pour mettre une tête sur un dauphin, un cerf ou une abeille. Et quelle est la différence entre le programme d’un oiseau et celui d’un coq ? Comment même les distinguer du reste des autres animaux et de tous les autres symboles tels que le robinet et le parapluie ?
J’ai eu beau m’intéresser à tout ça, je n’ai rien trouvé de remarquable. Je voterai certainement, mais en me méfiant non seulement de ceux qui essaient de me "lustrer" (en dépit de mon égo qui me commande d’être au centre d’attention), mais également de ceux qui remplissent tous les espaces médiatiques et les réseaux sociaux. Je n’ai pas oublié le jusqu'au-boutisme du flambeau révolutionnaire de mes livres d'histoire, ni celui syndicaliste qui bloque l'avancée d'une économie. Je suis peut-être un peu rebelle, mais je n’aime pas les extrêmes.

Pour en revenir à ma copine Noor, sa lumière est moins aveuglante depuis que je la fréquente régulièrement. Dès qu’elle étend le manteau de sa nature jalouse, on voit se dessiner le crépuscule, les zones grises qu’elle a dans le ventre. C’est aussi ce qui se passe pour certains partis où leurs représentants portent des costumes de prix pour nous impressionner. Il suffit de gratter la surface, le maquillage se décolle et on voit l’ambition personnelle dévorante.
Mais contrairement aux élections, Noor ne cherche pas éclairer les autres et leur fausser compagnie dans les sombres méandres de la politique politicienne, ni ne cherche à seulement gagner un portefeuille. Ce n’est pas de sa faute si elle brille, c’est son enfance difficile qui l’a enduite de ce vernis. Et c’est une gentille fille malgré tout, on lui pardonne d’être aussi show-off. Spécialement moi qui ai besoin de son expertise dentaire.
Lorsque j’irai voter, je penserais à elle et à sa phrase culte. Le plus important, après tout, est que ma voix remplisse une couleur, afin d’éviter qu’elle ne soit détournée ou qu'elle n'épaississe les ténèbres du vide.

mardi 23 août 2016

Conte : Le babouchier qui s'ennuyait

Conte moderne pour enfants trop sages.



Il était une fois, un marchand de babouches qui menait une vie modeste et paisible. Il avait une gentille femme et d’adorables enfants qu’il aimait par-dessus tout au monde. Il s’occupait également de ses parents âgés, qu’il avait installés dans un joli appartement, quand la vieille maison où ils résidaient avant tomba en ruine. Il était un bon fils, un bon mari et un très bon père, mais il s’ennuyait un petit peu.
Il allait tous les matins ouvrir son échoppe, et espérait patiemment quelques ventes. Il pouvait se suffire d’essayages, pour remplir un peu son temps, il y avait des moments où il se sentait si assommé qu’il baillait à s’en décrocher les mâchoires. Il chassait les mouches qui venaient le perturber avec une tapette, tentait de lire un peu les journaux et surfait sur son ordinateur pour s’intéresser au reste du monde. Il jouait également parfois avec les applications mobiles de son téléphone, mais il se fatiguait vite de tout cela et scrutait les premières lames d’obscurité pour rentrer chez lui.
Il récupérait alors sa petite caisse, comptait ses pièces et baissait le rideau, sans oublier de bien vérifier, avec son apprenti, la fermeture de ses deux très bons cadenas.
Sa vie était faite de ces allers et retours, de la cadence de ses prières à la mosquée du quartier, et des visites qu’il rendait à ses proches et voisins.
Il était tranquille en somme, il n’y avait que la nuit où ses embarras prenaient vie. Il avait du mal à s’endormir, et quand le sommeil arrivait enfin, il faisait des rêves extravagants et se sentait sortir de son corps.
Cela le perturbait. Il n’aimait pas perdre prise ce qu’il avait déjà, et craignait de trop plonger dans ces affabulations et de ne pas retrouver un jour le chemin du retour.
Il avait consulté divers médecins pour ce trouble mineur, avait également regardé du côté des herboristes, et lisait et appliquait tous les conseils qu’il trouvait dans les sites de bien-être. Mais sans résultats.
Plus le temps passait et ses enfants grandissaient, plus son sommeil était perturbé et devenait une obsession. Il y avait des jours où il se réveillait si fatigué, qu’il ressentait presque une certaine lassitude de la vie elle-même. Il avait le sentiment d’être inutile et de vivre de façon banale. Cela creusait dans la profondeur de son âme.
Par une journée terrible de chaleur, où le Chergui avait soufflé très fort en début d’après-midi, ses étals s’étaient couverts de poussière et de feuilles mortes. Beaucoup de sa marchandise avait été détériorée par l’intempérie et les gouttes de pluie qui s’étaient mises à tomber de façon impromptue. Cela l’agaça tant, qu’il décida de fermer boutique et de regagner sa maison.
Sa femme s’étonna de le voir rentrer si tôt. Elle était en train de préparer le repas, tandis que ses enfants étaient enfermés dans leur chambre et remplissaient leurs devoirs scolaires. Il passa rapidement les encourager et leur souhaiter bonne nuit, et se dirigea vers sa chambre malgré l'insistance de son épouse qui le suivait, et assurait pouvoir disposer le dîner rapidement. Il se sentait trop épuisé et contrarié, et préféra se coucher directement.
Elle se désola de le voir ainsi, et tout en lui racontant les dernières nouvelles de la journée, elle ouvrit grandes les fenêtres pour bien aérer la chambre. Puis, voyant qu’il ne répondait pas, tira les épais rideaux et le laissa reposer dans le calme et la pénombre.
Contrairement à son habitude, il ne fallut pas plus de quelques secondes à notre héros pour sombrer dans un sommeil profond. Il fut emporté dans une terre si riche en végétation et animaux fantastiques, qu’il ne sut où donner de la tête. Il était un peu comme Alice au pays des merveilles, sauf qu’aucun être, d’aucune sorte, ne semblait vouloir le blesser ou se jouer de lui. Ils vivaient tous en harmonie et étaient satisfaits de leurs sorts, malgré les imperfections dont ils avaient été affublés. Il y avait un oiseau qui n’avait pas d’ailes, un chat sans queue, un arbre sans branches ni feuilles, un navire qui voguait sur une route goudronnée… Mais ils disaient avoir été créés ainsi et qu'ils avaient appris à s’adapter et surtout ne pas rechercher la perfection.
Qu'ils soient doués de la parole et qu'il puisse les comprendre fut sa première surprise déjà, il s’étonna ensuite de leur abdication face aux difficultés qu’ils rencontraient.
Si cela lui était arrivé, se disait-il, pour sûr qu’il aurait recherché un moyen de vivre mieux. C’est un dessein exaltant de réparer ses défaillances, d’améliorer progressivement sa vie. Cela remplit quelques espaces, confère du sens à l’existence, il en venait même à les jalouser.
Il avait bien quelques défauts lui-même, mais pas de quoi en faire une destinée. Sa voie était tracée depuis le début, il se morfondait à tenir le commerce qui avait appartenu à son père, et aspirait à mieux.

Alors que ces pensées traversaient son esprit, un Lama se campa devant lui. Il n’avait que deux pattes, l’une à l’avant et l’autre à l’arrière, et se déplaçait en claudiquant. Cela lui donnait une démarche un peu sautillante, joyeuse et juvénile. Mais il n’était pas du tout jeune, il était même l’un des animaux les plus âgés de cette terre. Ses prunelles reflétaient une sagesse millénaire, une de celles inscrites dans les registres scellés aux yeux des profanes.
Il le sonda profondément et l’interpella d'une voix forte:
« Que viens-tu chercher là, babouchier ? Retourne chez toi !
Je t’ai surveillé depuis quelque temps déjà, et je ne comprends toujours pas pourquoi tu essaies de t’incruster dans notre vie défectueuse. Tu n’as aucune compétence qui pourrait te permettre de survivre dans notre monde.
Va-t’en ! Personne ne t’aidera ici, nous vivons tous chacun pour soi ! »
Le pauvre hère en fut interloqué. Lui qui croyait que le vieux Lama allait le guider se trouva bien marri de comprendre que bien au contraire, il désirait plutôt le chasser. Il pensait qu’avec toute la sagesse accumulée par cet animal au fil des ans, il pouvait lui prodiguer des conseils, lui dire quelque chose d’utile au moins.
Cependant, il ne se laissa pas impressionner, et continua à se promener et à observer les autres. Il espérait par ce moyen trouver une révélation, apprendre une leçon, mais plus il se risquait loin, moins il comprenait ce qui les animait tous.
Il retrouva le Lama au bout du chemin, et ce dernier s’adressa à lui de nouveau :
« Cherches-tu l’aventure ? » demanda-t-il avec une certaine lueur dans les yeux.
Le pauvre bougre frissonna et fut saisi d’horreur. Il pensa à sa gentille femme qui l’attendait toujours patiemment à la maison, s’occupait bien de son confort et de celui de ses enfants, et remua énergiquement la tête. Il n’a jamais voulu faire de mal à personne, ni à sa famille ni à ses proches. Il éprouvait seulement un certain malaise et ne savait comment le surmonter.
« Eh bien, si tu n’es pas satisfait de ta vie, change là !
Crois-tu que c’est en venant nous voir que tu trouveras l’inspiration ?
Crois-tu qu’en restant les bras croisés, ne prenant aucun risque, elle va se métamorphoser par magie ?
Le soleil lui-même met son existence en péril en se levant tous les matins. Avec les engins que certains pays ont construits, il pourrait bien être percuté un jour et dévier de sa trajectoire. Et la lune ? Tu as pensé à elle et à tous les satellites qui tournent sur son orbite ?
Ils réfléchissent à ça en remontant et descendant le matin et le soir ?
Non ! Ils exécutent leur tâche avec tous les aléas que comporte leur métier actuellement.
Et Allah, que son nom soit glorifié ? Tu as pensé à lui ? N’a-t-il pas pris le risque de nous créer ? Crois-tu qu’il est content qu’Ève ait mangé la pomme, ou que les hommes détruisent la planète avec leurs pluies acides ? Ils provoquent même la fonte des glaciers... »
Notre boutiquier trouvait déjà que le Lama faisait des extensions un peu improbables, mais il le laissa terminer son raisonnement. Il élevait d’ailleurs la voix et le vilipendait ouvertement.
« Non plus ! Et pourtant il a misé sur nous. Et nous voici donc, et te voilà avec tes questionnements absurdes et tes états d’âme ridicules. 
Agis! Fais quelque chose et laisse-nous tranquille ! »
L’emportement et les cris du Lama étaient si forts que cela réveilla notre bonhomme.
Il avait encore dans l’esprit le discours de ce dernier quand il ouvrit les yeux, et rit de sa candeur d’avoir cru un instant que ce Lama détenait une once de savoir ou de sagesse.
Les bruits familiers des casseroles et de la bouilloire lui parvinrent, le babillage de ses jeunes enfants également, c’était déjà le matin. Il se leva pour les rejoindre, et après une toilette rapide les amena à l’école. Une intuition aussi légère qu’un papillon affermissait ses pas, mais il tenta d’infirmer sa valeur pour ne pas s’accorder de faux espoirs.
Vers midi, alors qu’il venait de tuer la dixième mouche, avait mis de côté la marchandise gâtée, et que ses yeux larmoyaient d’avoir trop surfé sur le petit écran de son téléphone, une jeune fille se présenta.
Elle farfouilla un peu dans les pièces abîmées, et négocia à un très bon prix des babouches destinées à la remise. Puis, elle sortit de sa poche cinq paires de gros boutons de couleurs, et lui demanda d’en orner ses nouvelles chausses et de respecter la symétrie entre les deux pieds. Elle semblait déterminée et se réjouissait déjà de l’allure qu’auraient ses babouches ainsi enjolivées, malgré les tâches de pluie qui s’étaient imprimées définitivement sur le cuir bovin de qualité.
Il arrivait à notre marchand de répondre aux demandes saugrenues de quelques clients, cela l’ennuyait habituellement, cassait sa routine, mais il s’exécuta sans rechigner cette fois.
Après avoir marqué l’emplacement des boutons, et alors qu’il allait tendre les babouches à son apprenti pour les coudre, il se reprit. Sa mémoire retourna à l’enfance, quand il venait à la boutique après l’école, et jouait à dessiner et transformer les déchets destinés à être vendus au kilo aux acheteurs de camelote.
Il sourit de ce tendre souvenir et demanda à la jeune fille :
« Serais-tu plus satisfaite si j’ajoutais quelques fines perles et mettais une doublure de fond, pour que les points de couture au fil de crin ne heurtent pas ta peau délicate ?
Les yeux de la fille brillèrent de convoitise.
- C’est une très excellente idée, s’empressa-t-elle de répondre.
- Et si je renforçais la semelle et la rehaussais de petites talonnettes pour équilibrer ta voûte plantaire ? Ainsi, tu n’auras jamais mal au dos. »
Elle hocha la tête très enthousiaste, et s’approcha même pour lui faire une bise.
Alors notre babouchier s’exécuta lui-même, plein d’entrain.
Il ferma son échoppe aussitôt qu’elle s’éloigna, ravie de son achat amélioré, et s’enquit d’un entrepreneur, à qui il commanda une réfection complète de son magasin. Il voulait une belle vitrine et de la lumière partout.
Sa femme essaya de l’en dissuader et plaida la prudence au début, mais après l’avoir vu aussi passionné par son idée, elle l’encouragea par tous les moyens dont elle disposait. Des voisins et connaissances vinrent le conseiller à leurs tours, lui ouvrir les yeux et lui montrer la folie de son entreprise. Il y en a même un qui lui dit un jour qu’à ne pas travailler et trop faire de dépenses, il risquait de mener sa famille à la ruine. 
Il lui rétorqua alors, plein d'assurance :
« Ce n’est pas en conservant un local poussiéreux que je pourrais mettre en valeur mes futures créations et faire preuve d’innovation. Une vie sans panache ne vaut pas mieux qu’une bougie sans flamme, ajouta-t-il, avec un trémolo de ferveur dans la voix.
Que nous importe de savoir qu’elle peut nous éclairer ? Si nous la gardons éteinte, nous nous privons de sa lumière, de sa clarté, et nous enfonçons dans les ténèbres. 
Nous nous consumons d’assomption et périssons dans les fanges de l’ennui et de la médiocrité. »
Et c’est ainsi qu’il réussit tout ce qu’il entreprit et dormit paisiblement depuis. Il avait trouvé une occupation qui le comblait, celle de customiser les rebuts de babouches et les adapter aux besoins de ses acheteurs, même les plus farfelus d’entre eux qui commandaient des talons aiguilles.
L’histoire ne dit pas s’il est devenu riche et célèbre. Peu importe, ce n’est pas tant l’argent ou la gloire qui le motivaient, que de vivre pleinement sa passion. Ainsi que le bonheur de voir cette étincelle de plaisir et de joie éclairer le visage de ses clients.


vendredi 12 août 2016

Nouvelle : Une journée en enfer

C'est une nouvelle légère et un peu noire... que je publierai en épisodes.

Avertissement de l'auteur : Toute ressemblance des personnages premiers, secondaires ou même tertiaires, avec des personnes que les lecteurs ont connu, connaissent où seront amenés à fréquenter, est purement fortuite :) .


Épisode 1.

C’était une de ces journées où dès le réveil tout va mal, un jour qu’on a envie d’effacer de sa mémoire. Une journée où les minutes, les secondes, se sont égrenées à un rythme si lent que l’on pourrait croire que chaque instant a compté pour au moins une heure. C’était comme si on vous projetait dans un film au ralenti et vous obligeait à en être l’acteur. Que vous étiez le pantin d’une grosse farce de l’univers, sans nul contrôle sur les événements intenses qui se succèdent à un rythme effréné. Aucun, sauf de subir et d’espérer en arriver à bout en restant vivant, et plus ou moins indemne.
Quand on parle de la création du monde en six jours, je le comprends enfin ! Et si chaque seconde de notre vie sur terre représentait un million de jours pour notre grand Artisan ?
Voilà que je deviens philosophe !
Et tout d’abord une nuit agitée, peuplée d’hallucinations, de claquements de dents, de chaleur et de transpirations. Je me suis réveillée… Non, je me suis forcée à émerger du cauchemar récurrent qui faisait tambouriner mon cœur, la bouche nauséeuse et des sueurs froides enveloppant mon corps endolori.
Le combat pour en sourdre m’a laissé des traces : un dos raide, des courbatures partout, et un mal de crâne pulsant, l’impression qu’un marteau s’était insidieusement glissé sous mon scalp et s’en donnait à cœur joie.
Rien dans mes souvenirs de la veille ne pouvait justifier cela. J’avais eu une journée des plus insipides et assommante : un briefing, en début de matinée, à s’en décrocher la mâchoire, quelques visites médicales à mon réseau de médecins blasés qui m’ont soutiré quelques échantillons et ont égratigné mon calme placide de leurs blagues triviales. Quelques poignées de mains appuyées, très appuyées, et d’autres paumes qui se sont glissées sur mes épaules et se sont furtivement baladées sur mon dos, en bas du dos…
Que du normal ! C’est la profession qui veut ça, ou la culture, ou je ne sais pas…
Je n’ai jamais compris pourquoi les hommes se croient tout permis dès qu’on les sollicite pour quelque chose... Il y a toujours dans leurs regards, leurs gestes, leurs attitudes, un soupçon de donnant-donnant. Mais mon métier est déléguée médicale, et j’ai appris à sourire poliment et à leur cracher dessus de l’intérieur.
Alors que s’est-il passé une fois endormie ?
J’ai l’impression d’avoir été enlevée par des extra-terrestres, ou que des diables se sont emparés de mon corps et de mon esprit et m’ont fait vivre une équipée extrême. Mais peut-être était-ce seulement mon sixième sens, cette perception de danger imminent, qui me préparait à l’enfer que serait ma journée.


Épisode 2.

dimanche 31 juillet 2016

Billet : Hommage posthume



J’ai choisi le lys pour t’honorer, me rappeler ta vie, ton parcours, ta destinée
Des fleurs belles et élégantes comme tu l’as toujours été,
Des fleurs si parfumées, à l’odeur entêtante, comme tu le fus aussi
Que dire à cette tombe, écrin d’un être si cher ?
Comment commencer ton hommage et par quoi le finir ?
Tu as été une étoile filante, un arc-en-ciel après l’orage,
Une pluie de météorites scintillantes
Tu étais la bonté et la gentillesse, ton charisme illuminait les pièces
Tu étais l’amour et la tendresse,
Un feu d’artifice le soir d’une grande fête nationale
Tu es partie par un de ces jours d’ailleurs,
Comme pour nous narguer, nous imposer ta souvenance
Tu le savais pourtant,
Ton empreinte est gravée dans nos cœurs

Toi et tes semblables avez emporté mon âme,
Pourquoi ceux que j’aime partent des jours mémorables ?
J’ai apporté un bouquet pour fleurir ta tombe
Mais tu as toujours aimé partager,
Alors je vais le répartir sur nos proches
Les partis trop tôt, fauchés par des accidents
Les raflés par les maladies, qui n’ont pas eu le temps de faire leurs adieux
Les cimetières en sont si pleins, je n’en aurais jamais suffisamment
J’y passerais la journée, que je n’en viendrais pas à bout
Il n’y aura jamais assez de lys pour mettre sur tous mes tombeaux

Repose en paix, reposez tous
Et gardez-moi une place, pas loin de vous...