Il arrive qu’une idée s’échappe d’un vieux songe et
se loge dans le cœur.
Une idée toute frêle, modeste, qui n’a encore
aucune consistance ni contour. Une idée jamais envisagée et qui tombe comme une
miette de pain du repas d’un tribun un jour de faim. Ou comme un coquillage
solitaire, dans une promenade sur un rivage désert.
L’idée point comme une lueur, une chance à saisir.
Elle est comme une promesse de chaleur dont on connaît inconsciemment le
flamboiement. Et nous ne pouvons contrôler ce réflexe, bien qu’elle nous trouve
recroquevillés, perdus dans nos désillusions, ternes et sans appétence, pliés
dans l’irrévérence.
Comme un don que l’univers a décidé de nous prêter,
elle possède un attrait qui montre un chemin à emprunter. Alors aussi fantaisiste
soit-elle, aussi ténue sa prescience, aussi improbable sa permanence, il est
toujours intéressant de la suivre. De tenter de la cultiver afin de voir si
elle peut prospérer. Elle n’est certainement pas le fruit du hasard, mais d’un instinctif
et intérieur espoir, qui se manifeste comme une fulgurance de beauté.
Quand bien même elle n’éclate qu’un instant, si
elle est éphémère - comme la joie ou comme l’amour -, son rayonnement aura
éclipsé l’espace de son passage nos sombres pensées.
Et même si elle n’est pas destinée à être notre
voie, pour toujours elle sera l’étoile qui scintillera dans le ciel de nos
nuits froides.