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samedi 21 janvier 2017

Conte : Le conteur moderne

Conte d'inspiration Soufi.


Un conteur s’arrêta un jour dans la grande place de la ville et déplia son tapis. Il commença par enlever lentement sa cape, sa djellaba aux grosses mailles, et resta en caftan. Il dénoua aussi son turban, le ramassa en boule et le mit dans un coin. De son barda il sortit un gong, et le posa de l’autre côté. Après tout ce cérémonial afin d’attirer l’attention, il s’assit sur un coussin et croisa les jambes.
Les gens accouraient de partout pour l’entendre. Un cercle se forma autour de lui, les petits devant les grands, bien ordonnés, afin que chacun puisse le voir. J’en faisais partie, ravie d’avoir quelque chose d’intéressant à raconter à mon tour.
Une fois qu’il jugea que le nombre était suffisant, il donna un grand coup sur le gong, qui résonna dans le cœur de tous les présents. Le silence se fit instantanément.
« Je vais vous raconter une histoire de notre terroir profond, et qui se passe au présent cependant, dit-il en guise de préambule. Une de celles qui n’ont jamais été encore contées, elle porte le titre de Zahra voulait aller à la plage »
Certains remuèrent, d’autres sourirent, et quelques un les firent taire.
Le vieil homme, habitué aux jacassements de la foule, attendit que le calme revienne. Et d’un geste de la main nous fit signe de nous asseoir. Le cercle se refit et nous patientâmes.
« Quel meilleur cliché de l’amour et du bonheur que celui de la plage ? dit-il en élevant sa grosse voix.
« Avec un soleil au zénith, de douces vagues qui lèchent les orteils et une dorure de sable qui déteint sur les corps. C’est comme cela que notre héroïne, qui habitait à l’intérieur des terres, espérait un jour accéder à cet espace réservé aux chanceux qui avaient un compagnon. Pour sa part, elle n’avait jamais vu la mer ni ne connaissait personne qui pouvait l’y emmener auparavant. La campagne où elle résidait avec sa famille n’avait aucune idée de ce qui se passait ailleurs. C’est par un pur hasard de rencontre avec un vagabond, près du ruisseau, qu’elle-même en a été informée. Les photos qu’il lui a montrées, les images sur son appareil photo aussi, l’avaient laissée pantelante.
Quoi ? se disait-elle, cela se passe à moins de cent kilomètres de mon douar ? Et moi qui pensais que c’était des inventions de films ! »
De sa voix linéaire de narrateur, le conteur avait changé de ton pour adopter celui de Zahra et parler à sa place. Il fit de même par la suite pour le deuxième personnage.
« Elle ne voulait pas le croire au début, elle se repaissait de télévision depuis l’enfance, et avait toujours cru que ce n’étaient que des acteurs. Et notre bonhomme de gonfler la poitrine, de dire pour la convaincre qu’il avait lui-même pris les photos, et que si elle voulait, il pourrait l’y emmener, afin qu’elle s’en assure de ses propres yeux.
Et voilà notre Z’hirou en train de l’attendre tous les jours. Elle regardait les photos qu’il lui avait laissées et soupirait, le cœur lourd. Elle voulait se libérer, briser ses chaînes, jeter ses haillons et plonger dans la mer. Le soir, elle avait l’impression qu’une vague la submergeait, la mousse enveloppait son corps à chaque ressac. Il lui arrivait même parfois de se réveiller et d’aller de nuit au ruisseau pour chercher le vagabond. Vous l’aurez compris, elle espérait à chaque instant, de jour et de la nuit, le voir de retour.
Plusieurs jours passèrent, qui lui semblèrent des mois, et un jour elle l’aperçut enfin. Il était de dos à la porte de l’épicerie, de joie elle eut presque peur de s’évanouir. C’est cela l’amour, se dit-elle, un cœur qui palpite comme une truite sortie de l’eau, du sang qui bat aux tempes et suit le rythme des hmadcha. La fébrilité lui fit trembler les mains, et lâcher la botte d’herbe tendre qu’elle venait de cueillir pourtant. Tous les signes étaient là, Zahra était amoureuse et allait enfin partir à la mer. Le vagabond, dont elle ne connaissait pas le nom, mais qu’elle appelait dans son cœur Dawi, était venu réaliser son rêve le plus fou.
Notre héroïne était peut-être éprise, mais elle n’était pas inconsciente. Elle alla à l’épicerie à son tour pour se faire voir, mais ne lui adressa pas la parole. Un clin d’œil suffit, lorsque l’épicier était de dos, pour qu’il comprenne qu’elle l’attendrait à l’endroit habituel. Il partit sur le coup, et elle ralentit l’allure pour ne pas montrer qu’elle le suivait.
« Bon, je suis prêt à t’emmener, » dit-il, après lui avoir à peine touché le poignet, et porté sa propre main à sa bouche. Elle ne sentait pas si bon la dernière fois, se dit-il en la regardant comme on le ferait d’un bonbon. Zahra rougit d’embarras, ce simple frôlement faisait déjà bouillir ses nerfs. Elle se reprit néanmoins et lui demanda comment il comptait s’y prendre. Parce que nous sommes en train de parler de fugue là, et elle était déjà promise à son cousin. Mais elle le trouvait trop gros et boutonneux, et poussa donc la confidence jusqu’à lui raconter cela.
La mer, la plage et le sable fin, c’est bien beau, mais si elle partait avec lui, elle serait pour les siens perdue.
Dawi, qui n’avait toujours pas confirmé son petit prénom, lui dit qu’il comprenait, et que s’il avait pris autant de temps pour revenir, c’était parce qu’il prenait cette responsabilité très au sérieux.
« Alors pourquoi tu ne te présentes pas simplement à ma famille, je suis sûre de les convaincre de nous marier, malgré mon cousin.
- Parce que je connais ton frère, et que nous avons eu un différent par le passé. Je ne pourrais être si tôt arrivé près de ton Douar, qu’il m’égorgera avec son poignard. »
Zahra lui donna raison, son frère était un vrai sanguin, et portait effectivement un couteau à cran dans sa poche en permanence. Dawi ne pouvait se présenter chez eux, et l’appel de la mer était trop tentant…
Elle réfléchit un moment. Déjà, pendant qu’ils parlaient, le bruissement des arbres environnants chantait une douce mélodie, l’eau de la rivière semblait couler de façon plus fluide. Elle avait également aperçu un grand ibis, ou était-ce une cigogne qui les a survolés ? C’était de très bons augures, des signes d’opulence et de fécondité. Elle finit donc par se décider, et lui demanda de l’attendre vers minuit dans leur site romantique.
Ce soir-là, le bruit du ronflement de son père et les marmonnements de sa mère avaient atteint un niveau élevé. Ce n’était pas étonnant, elle avait parfumé la soupe du soir avec les herbes que lui avait conseillées sa propre mère pour les cas d’insomnies. Il paraît qu’elle les leur faisait boire lorsqu’ils étaient jeunes ses frères et elle. C’est qu’ils dormaient tous dans la même pièce, elle les préservait ainsi des bruits intempestifs qui pouvaient survenir.
Zahra qui n’avait pas fermé l’œil, détacha le mulet et le fit avancer doucement en passant par les coins les plus sombres. La lune était sa complice cette nuit, elle avait décidé de disparaître tout simplement. Arrivée au ruisseau essoufflée, pas tant par l’effort, que par les battements de son cœur, qu’elle entendait malgré l’épaisseur de ses vêtements, elle aperçut Dawi qui l’attendait assis sur un rocher. Il avait des yeux qui luisaient comme deux perles dans l’eau et transperçaient les ténèbres, il se releva rapidement, et lui prit les rennes des mains. Puis, il sauta sur le dos de la bête. Et alors qu’elle tendit les bras pour qu’il la fasse monter à l’avant, il donna un grand coup de talon sur le flanc du mulet, qui détala comme s’il était chassé par les démons.
Zahra resta longtemps prostrée, et réalisa par degrés sa déconvenue. Avec la disparition du mulet, s’évanouissait également son rêve de plage. Elle pleura un long moment avant de se résoudre à rentrer chez elle, et prendre une généreuse part de soupe de la marmite qui semblait l’attendre sur les cendres. Cette nuit-là, tous les villageois entendirent le concert polyphonique qui chambardait la maison de notre héroïne candide. »

Le conteur s’arrêta essoufflé, sortit une bouteille d’eau de son sac et se désaltéra. Il transpirait comme s’il avait vécu toutes ces péripéties lui-même. Un bruissement du cercle commença à se faire entendre. « Que déduisez-vous de cette fable, demanda-t-il en se tournant d’un côté puis de l’autre, et nous regardant tous comme pour nous imposer de rester assis, alors qu’aucun n’avait esquissé le moindre mouvement pour se lever.
Nous attendions tous des explications, la morale de l’histoire. Tous ceux qui assistent à ces sortes d’assemblées savent qu’il y en a toujours une.
Un quidam parla de l’intelligence du voleur, et un autre de la perfidie de la jeune fille qui voulait tromper sa famille et s’enfuir avec le vagabond. Un troisième disserta sur la condition humaine de cette famille, et un autre de la liberté de Zahra de disposer de sa vie. Chacun y alla de son interprétation. Pour ma part, j’écoutais religieusement sans piper mot.
Il les laissa tous s’exprimer, puis pointa son doigt vers un enfant assis devant, qui souriait dans le vague.
« Et toi ? demanda-t-il. Comment tu comprends ce conte ?
L’enfant, tout à coup craintif, se leva comme à l’école. Il hésita un instant et répondit :
- Moi, ce que je comprends est dans le titre : Zahra voulait aller à la plage, et puis c’est tout. Il s’enhardit un peu voyant le silence continuer à se faire, et poursuivit : Mais pourquoi elle ne se baigne pas dans la rivière comme on le fait ma petite sœur et moi ?
- Voilà un enfant prodige ! s’exclama le conteur. Il dit que la vérité est dans le titre, et ajoute également la question implicite, qui divise certaines traditions, pourquoi les filles sont empêchées de se baigner, une fois grandes, et pas les garçons ?
Si je sonde chacun de vous, j’aurais autant de réponses que de personnes assises ici. Ce conte a de nombreux sens, et chacun le comprendra au prisme de sa culture et de son éducation. Et surtout, chacun croira détenir la vérité absolue.
Il toucha le haut de son crane, comme pour extraire des réflexions plus profondes, et continua :
Que ce soit ce récit ou un autre, chacun étalera ses propres idées, et voudra même, dans la majorité des cas, les imposer aux autres. En réalité, chacun de nous porte en lui ses propres réponses.
Quelques-uns verront dans le voleur un fripon malicieux, d’autres percevront la naïveté de la jeune fille. Il y en a qui trouveront l’histoire drôle et d’autres qui penseront qu’elle est impudique...
Ainsi, nous aurons les profanes qui lisent un texte et s’arrêtent à la première compréhension, les sociologues qui y verront les prémices de changement d’habitudes dans la campagne, les érudits qui chercheront le sens intérieur, qui en l’occurrence ici est la liberté, les scientifiques qui se demanderont dans quelle mesure un cœur qui bât plus vite peut altérer la vision des choses…
- Et le mage ? L’interpella un de ceux assis à l’arrière.
Le vieil homme le regarda et sourit :
- le mage dira que pour lui Zahra a vu un Ibis plutôt, parce que d’après lui, si c’était une cigogne elle n’aurait pas eu autant de déboires.
L’assemblée rit, certains même très bruyamment. Il se concentra de nouveau et poursuivit :
« Dans notre monde nous trouverons aussi le philosophe, celui qui expliquera que le voleur lui a peut-être subtilisé un mulet, mais il lui a donné en retour quelque chose de bien plus précieux : le goût de liberté. Il lui a ouvert l’esprit. Zahra s’est endormie ce soir-là de dépit, mais nous avons tous compris qu’elle cherchera un autre moyen pour voir la mer un prochain jour. 
Le sage, lui, sait que la vérité est multiple, dit-il enfin.

Il se leva d’un bond, et pivota sur lui-même lentement pour avoir toute notre attention. Son caftan qui s’évasa gonflé par le vent, le fit ressembler à un derviche tourneur.
Vous cherchez une morale à cette histoire ? Il y en a une pour celles et ceux qui peuvent comprendre. Le secret de ce que je veux transmettre est ailleurs. Car voyez-vous, dans tous les récits il y a plusieurs voiles qu’il faut lever. Nous avons admis qu’il y a la sagesse populaire et celle cachée aux profanes. Mais ma vérité à moi, celle qui est ma mission, ne réside pas dans cette histoire même, mais dans notre assemblée…
Il laissa passer l’instant du saisissement, et reprit : Par notre communion autour de cette fable, nous avons tous détenu une part de cette vérité. Vous avez tous entendu le même texte, et chacun a trouvé une vérité bien à lui, une certitude. Nous avons également admis que nous ne pourrons jamais mettre tout le monde d’accord sur une même interprétation. Eh bien, la différence de vos interprétations est la vraie sagesse, la vraie histoire dans l’histoire.
Le silence qui se fit à ce moment là était le plus dense de tous.
Ce n’était qu’un petit conte, quand est-il des autres récits que l’on vous a racontés auparavant… et de vérités encore plus essentielles, qui se dérobent dans les livres parfois sacrés, que certains ont appris par cœur ?
Ceci est la démonstration que je voulais faire. Tous les textes recèlent des vérités simples et d’autres plus importantes qui sont scellées. Sans une grande érudition, parfois même une illumination, le sens reste enfoui dans les tréfonds des arabesques.
Il se tut, ferma les yeux pour nous laisser nous imprégner de ses paroles, puis prononça les dernières phrases en haussant la voix et articulant lentement :
«  La sagesse mes sœurs, la sagesse mes frères et vous aussi mes chers enfants, la sagesse est de se rappeler ceci : Il n’y a qu’une seule vérité immuable dans ce monde qui ne souffre aucune exégèse. Elle est sacrée et cependant oubliée de tous... Ce qui relit l’homme croyant à son créateur … et il le répéta trois fois.
Ce qui relit le croyant à son créateur, ce sont des paroles…
Ce sont les histoires inscrites dans les livres sacrés.
Chacun les interprète à sa façon, mais aucun ne connaît toutes les vérités. »
Il se baissa pour prendre le gong, et d’un grand geste théâtral le fit de nouveau tinter.
Nous nous dispersâmes et certains se rapprochèrent de lui. Il y en a qui lui ont embrassé la tête, et d’autres qui ont jeté des pièces dans son turban. Certains essayèrent de le suivre, mais il les chassa de son bâton de pèlerin.
Pour ma part, je suis rentrée rapidement pour l’écrire. Ma mémoire pourra m’avoir fait défaut pour certains passages, mais le sceau de cette histoire est marqué dans mon cœur. Elle demeure depuis comme un grain de sel coincé dans une molaire. Chaque fois que je veux comprendre un texte important, son goût s’épanouit sur ma langue...


vendredi 6 janvier 2017

Billet : Coup de gueule

Je me souviens d’une tante, un chignon haut fait par un coiffeur et un tailleur sombre. Je crois que je n’ai aucun souvenir d’elle sans ce chignon, il lui conférait de l’autorité. Je me rappelle d’un oncle fonctionnaire dont la plus grande passion était la photographie. Il était à l’avant-garde de ce qui se faisait à l’époque, et avait la modestie des personnes talentueuses. Je me souviens d’une Dada qui riait jusqu’à faire bouger son dentier, et qui nous menaçait en nous poursuivant avec sa babouche, pour nous faire descendre des banquettes du salon. D’un grand-père qui nous rudoyait parce qu’on était en retard pour le repas de l’Aïd, et de parents, dont le plus grand souci était de bien habiller leurs six enfants ce jour-là. Nous devions reluire comme des sous neufs, nous étions leur vitrine.
Je me rappelle qu’à l’école nous devions respecter nos maîtres, les craindre, et qu’ils étaient aussi fiers de nos réussites que l’étaient nos parents. Que les journées de grève au lycée, parce qu’un programme était changé, ou que les profs de maths venaient de Bulgarie et ne parlaient pas français, tournaient à la fête. Nous refusions juste de rentrer en classe, restions debout dans la grande cour, pour chanter et danser, malgré les camionnettes des forces auxiliaires qui cerclaient les bâtiments. C’est de là que j’ai appris à siffler.
Je me souviens que je marchais dans la rue en mini-jupe, et n’étais aucunement inquiétée. Que le seul dérangement que je pouvais avoir venait de dragueurs invétérés qui lançaient des compliments. Que le mot le plus méchant que j’ai pu entendre dans la rue, c’est 3roubia, campagnarde, parce que ce jour-là, je portais une djellaba et un foulard et que je sortais d’un hammam. Qu’on respectait ma personne, mon opinion, et que la critique n’était pas insultante.
Je me rappelle que nos plages étaient de sables et de corps dorés, et qu’aucun complexé n’y trouvait à en redire. Que ceux qui ne voulaient pas s’exposer restaient simplement chez eux. Que fêter la nouvelle année n’était pas synonyme de christianisme. Que l’acteur qui jouait Oummi Al Harnounia était un homme et nous touchait par sa candeur, que les filles sortaient danser le soir, certes chaperonnées, mais qu’il n’y avait aucun énergumène pour traiter de mac le grand frère. Que fumer était signe de liberté et de modernité (on sait maintenant que c’est nocif pour la santé, mais peu importe). Qu’on ne jugeait pas plus ceux qui buvaient que ceux qui allaient à la mosquée la veille du 27ème jour du ramadan… Tant et tant de souvenirs qui ont fait une génération.
Nous avons essayé de donner les mêmes valeurs à nos enfants, mais tout est différent. Les manifestations se transforment en pugilat, les rues après les matchs de foot deviennent des sites de défoulement et de casse, les filles sont mariées à leurs violeurs, les actrices sont confondues avec leurs personnages, des prêcheurs et moralisateurs nous traquent par messagerie et même sur Facebook. Des lynchages en bonne et due forme dans la rue, et même chez eux, pour tout ce qui représente une menace à la virilité, des agressions de filles parce que juste un peu maquillée ou pas assez couverte, sous l’œil de passants craintifs… Des journalistes qui font l’apologie de la haine, et traitent les filles qui vont danser de prostituées… Tant et tant de régressions qui font notre société actuelle.
Les libertés de toutes sortes sont bafouées. Où est passé l’humilité, la finesse, l’éducation, l’autorité, la dignité, le respect ou juste la décence ? Où sont passées nos vraies valeurs ?
Est-ce cela la liberté de s’exprimer, offerte pourtant plus que jamais par les médias actuels ? Quelle limite doit-on appliquer, pour que les commentaires et les critiques ne se transforment pas en jugement et condamnation, et parfois même en exécution ?
C’est le cœur du débat auquel nous devrions faire face, avant que notre maison ne tombe en ruine.