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Artisan orfèvre des mots Spécialisée en filigrane.

mercredi 28 juin 2017

Salutation océanique




Une salutation tendre et océanique mes très chers amis, fleurant les bouquets iodés que j’ai récoltés en ces jours de fête.

Le bruit des vagues a bercé ma jeunesse, les algues ont été mes déguisements d’enfant, lorsque nous cherchions à épicer nos moments de détente à la plage. Les châteaux que j’y ai construits sont encore présents, ma peau revêt encore l'écume de ces journées ensoleillées, pour peu que je ferme les yeux.
La mer est ma vraie nostalgie, depuis que je vis loin de ses embruns… Je l’évoque et m’y réfugie à chaque fois que la musique se fait dissonante, quand la partition du monde devient tumulte dysharmonique.

Je m'y réfugie, invoque les forces supérieures, et prie :
Que le bruissement de ses flots recouvre les voix discordantes,
Que ses fragiles moutons les couvrent d’amour et de paix,
Et que son sel, cautérise et guérisse les blessures infligées aux âmes innocentes.

❤️💖💝

mardi 27 juin 2017

Confidence : Ecrire...



Que serait l’écriture sans les changements d’humeurs, sans ces profondes altérations qui surviennent sans qu’on sache comment. Un mot, un geste, une image parfois, et nous voilà plongés dans les tumultes des vocables qui prennent les nuances qu’elles veulent. On ne sait même pas ce qui les provoque, ils se manifestent et chavirent votre barque. Vous aurez beau vous accrocher pour naviguer à contre-courant, la vague est tellement haute que pour la parer le mieux à faire est d’y plonger. La creuser, la décortiquer, jusqu’à faire surgir les mots qui vont la calmer. Le sublime s’écrit dans l’urgence, dans l’intensité du feu déroulant qui sort de l’inconscient. Mais ce n’est qu’une fois que la vague s’éloigne, qu’on peut aplanir le texte, qu’on peut y mettre la cohérence qui y sied. Et c’est rarement la première intention.


samedi 17 juin 2017

Poésie : Le gouffre au bord duquel je me tiens





Le vide,
Le mutisme
Le silence
La brûlure intense
Le manque
La cadence du temps
Le parfum de négligence qui flottait autour de moi
Le désenchantement ou le remord ?
L’éclaireur des chemins de sous-bois
Le tressaillement
Le prisme démultiplicateur
L’émoi du cœur
Le cœur qui a sa propre mémoire
Le bruit spacieux
Le décor diluvien
La fragrance persistante
Le sombre et flamboyant orage qui ne cesse jamais.


lundi 12 juin 2017

Fragment : Henry's mon amour, ma madeleine...


Ah, mon Henry’s !

Je l’ai retrouvé au détour d’une piste, la chaleur était stridente ce jour-là, la poussière avait recouvert mon pare-brise d’un film sablé.
Je m’étais arrêtée dans cette vieille épicerie de campagne, à l’entrée d’un village déserté de ses jeunes. Une barbe blanche, un turban jaune et des yeux qui vous sondaient l’âme, il m’a tendu cette boîte au design d’un autre temps. Un papier argenté vert et rouge, que les enfants d’aujourd’hui n’auraient jamais choisi. Et c’était comme si j’avais retrouvé un trésor enfoui sous une multitude de couches : mon identité, sous la forme d'un biscuit carré, aux bords dentelés.
Ma langue salivait déjà d’impatience, lorsque le vieillard, tout en bonté devant mon air avide, et mes yeux où des poussières d’étoiles avaient pris place, me proposa un verre du thé fumant qu’il venait de préparer pour se désaltérer. 
Le crépitement de douceur biscuitée, mélangé à la fraîcheur mentholée qui surgit sur mes papilles, humidifia mes rétines. Je ne voyais déjà plus, un voile de tendresse avait recouvert l'horizon quand je me suis retrouvée jeune, très jeune, pour mon goûter d’école. Grignotant les bords crénelés d’abord, les dentines, une après l’autre et me délectant de leur saveur de cannelle, de miel et de blé grillé, je m’attaquais ensuite au cœur, réservant les lettres gravées sur le biscuit pour la fin…
D’autres souvenirs refluèrent, ma sœur aînée qui était revenue de France lors de vacances universitaires, et qui nous avait appris cette recette qui consistait à les imbiber de café, à les placer en couches superposées de crème et les recouvrir de ganache, confectionnant ainsi mon gâteau d’anniversaire. Ma mère qui en achetait par grandes boîtes cartonnées, qu’elle cachait en haut du placard, et que l’on servait parfois aux invités qui arrivaient à l’improviste, sur un même plat contenant cornes de gazelle ou autres gâteaux confectionnés par elle.
Ce mélange me rappela aussi comment nous ne trouvions aucun paradoxe à mélanger ce moderne et ce traditionnel, que notre thé faisait passer à la perfection. Comment la richesse de l’un et de l’autre, revêtait alors notre peau, avait construit notre personnalité, nous avait confectionnés. Et que c’est en cela que réside notre simplicité, notre historicité.

Moi, trônant sur ce tabouret de cordes et de bois, avec cette odeur de terre sèche, ces herbes folles qui couraient les champs et celles qui pliaient sous l'air doux qui soufflait de temps à autre et caressait mes cheveux, sous le regard rieur et bienveillant du vieil épicier, j'étais déjà au paradis ce jour-là.


* Henry's est le nom d'une vieille marque de biscuits secs. L'équivalent de Petits Beurres en France.