Aussi paradoxal que cela soit, les douleurs du
corps, celles pour lesquels on souffre le plus fortement, et dont le tourment est
si intense qu’on a l’impression d’être déchiré, ou que notre cœur est sur le
point d’exploser, sont celles que l’on oublie le plus facilement et avec grande
célérité, dès leur soulagement…
Les douleurs de l’âme, elles, ne s’oublient pas.
Et même lorsque nous avons l’impression de les avoir surmontées, aux moments les
plus heureux de notre existence, il suffit d’un oblique d’une ritournelle pour qu’elles
reviennent, éternelles, aussi puissantes que l’amertume d’une olive cueillie sous le soleil d’un automne. Aussi revêches à toutes consolantes. Aussi
réelles et affligeantes…
Ces douleurs-là sont celles qui nous font verser des larmes denses. Elles fertilisent le champ de l’esprit, et cultivent les germes fragiles de notre
humanité.