Lien de l'article publié par le Huffington-post
Férié - Tout d'abord parce que c'est une très belle occasion
pour s’amuser et faire la fête, et ensuite afin de rendre hommage à nos
origines, notre culture et notre langue amazighes. Et si toutes ces raisons ne
sont pas suffisantes, sachez que le Yennayer Amazigh, daté pour cette nouvelle
année en 2969, est l’un des rares calendriers au monde à avoir un référent
historique, sans aucune influence confessionnelle. Il est donc purement laïc,
capable donc d’accueillir et fêter toutes religions, sans aucune discrimination.
Le calendrier débute de l’accession au pouvoir en Égypte
du pharaon Amazigh Sheshong, qui s’est passé 950 ans avant l’ère chrétienne.
Une date choisie par le conciliabule de représentants amazighs du bassin méditerranéen
dans les années 60. Ils se sont référés à l’histoire, ainsi qu’à l’apogée au
pouvoir de cette culture. Une symbolique, certes, mais tout aussi respectable
que les dates retenues par les autres calendriers religieux. Cependant, il est
évident que du fait qu’il soit agraire et s’appuie sur les saisons, son origine
remonte aux premiers habitants de l’Afrique.
Le peuple Amazigh parsemé dans toute l’Afrique du Nord
et une partie de l’Orientale a historiquement fait preuve de savoir-vivre, de
partage et de convivialité. Il a su accepter les civilisations et religions
dominantes qui ont colonisé ses terres, et s’en est inspiré et enrichi. Il en a
adopté certaines et a fait preuve de respect et de tolérance vis-à-vis d’autres.
C’est un peuple éminemment conciliant et pacifiste, qui a su se défendre quand
il le fallait également. En témoigne sa culture et sa langue, qui ont survécu
malgré toutes ces influences, et qui véhiculent dans leurs chants et contes,
dans leur histoire écrite et celle réservée au patrimoine oral, cette essence
de liberté, des droits et valeurs humaines universelles, et de défense
de l’égalité, avec une place importante accordée aux femmes. Les enfants de
Tamazgha sont également foncièrement enracinés à leur culture et terre, et en sont
fiers.
Ils portent tout cela dans leurs gènes et leur sang,
dans les rêves qui ont habité leurs ancêtres. Une conscience identitaire qu’ils
revêtent comme une seconde peau, et qu’ils ressentent comme un membre amputé et
fantôme, pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’en être bien imprégnés. Mais elle
est bien là, toujours aussi présente, avec ce besoin instinctif de la protéger
et de l’honorer, afin que ce feu sacré et originel ne s’éteigne pas.
Alors consacrer une journée nationale à la culture et
à la langue amazighes, une journée de joie et de partage à l’occasion de ce Nouvel
An, serait un juste retour des choses. Un retour sur soi d’ailleurs, pour nous Marocains
à près de 60 % amazighophones et pour le restant Darijophones, venus ou issus
de brassage et d’immixtion avec l’Arabe, le Français, l’Espagnol, et également ceux
de confession et langue Hébraïque.
Dans l’article 5 de la constitution de 2011, il est
dit : "l’Amazighe constitue une langue officielle de l’État, en tant
que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception". Pour ma part,
j’ajouterai que la culture amazighe est le patrimoine commun à tous les
Marocains.
Maintenant qu’on s’est affranchi des clichés folkloriques
et de la minorisation imposée à notre culture ancestrale, en introduisant son
apprentissage à l’école et en officialisant sa langue, il est temps d’aller de
l’avant et de considérer cette culture comme Majeure. De lui rendre toutes ses
lettres de noblesse, et de l’honorer comme il se doit par une journée de
festivités fériée.
Assegwas Ameggaz