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jeudi 16 février 2017

Tribune : Thérapie de groupe

http://www.huffpostmaghreb.com/meriem-h-hamou/therapie-de-groupe_b_14815892.html?utm_hp_ref=maroc


L’idée m’est venue comme un grand éclat de rire à la face de l’univers, comme un scintillement d’étoiles, pour effacer l’absurdité que traverse notre pays, avec les turpitudes de la misère politique. Je vais vous la conter simplement, mais auparavant je présenterais de quelle façon cette idée s’est tellement installée dans ma tête qu’elle est devenue virale. Elle est basique pourtant, et je m’étonne encore que personne ne l’ait suggérée avant.

Le salon de madame Tazi n’a rien de celui décrit par notre brillant artiste national Gad El Maleh. Madame Salwa Tazi est une écrivaine, qui anime un salon littéraire sur son mur Facebook, et qui m’a fait l’amitié d’accepter ma demande. Sur la toile, pour le moment, mais j’espère pouvoir la rencontrer un jour pour lui dire mon admiration de vive voix.
Ils sont plusieurs à faire cela d’ailleurs. Un formidable foisonnement de sessions culturelles se déroule actuellement sur internet. Cela va de la musique, à la peinture, l’écriture, la poésie… Des univers que je n’aurais pas pu toucher de près, même si j’habitais à Casablanca, parce que les manifestations ne sont pas encore suffisamment mises en avant. Et à propos de cela, j’en profite pour lancer un vibrant appel aux médias, afin qu’ils fassent un effort dans ce sens-là. Et pourquoi pas ? De créer une vraie radio culturelle. Je parle de radio, parce que je suis d’une génération qui écoute plus qu’elle ne regarde, et qui lit beaucoup. C’est donc également une façon de prêcher pour ce que j’aime.
J’en reviens au salon littéraire de madame Tazi qui a le courage d’ouvrir le dialogue et de lancer des débats, qui s’avèrent parfois houleux. Mais elle a cette élégance de savoir remettre chacun à sa place, de corriger, d’éviter les excès… Bref, c’est une réelle modératrice, dans le sens noble du terme.
Je vous assure que l’on y discute de choses très sérieuses. Cela n’a rien à voir avec ce qui se pratique dans certains vrais salons auxquels j’ai assisté, et où on commence par parler de l’œuvre d’un auteur et on finit par discuter de la nuance de couleur d’un vernis, et recette de petits gâteaux à la pistache.
Tiens, pour donner un exemple : La semaine dernière elle a lancé un débat sur le port de foulards… C’est dire la façon dont la séance était passionnante.
Pour ma part, je ne suis pas intervenue. Mais le nombre impressionnant d’interlocuteurs qui ont pris la parole m’a laissé pantoise. Les gens exprimaient ce qu’ils pensaient d’une manière ou d’une autre, racontaient leur façon de voir la vie… Ils y en a même qui répétaient ce qui était dit auparavant, parfois de manière lourde, et rebondissait sur une petite problématique déjà convenue… enfin, voilà. Ça n’en finissait pas, mais madame Tazi ne s’est jamais démontée, elle réagissait avec tout le monde, et on pouvait même deviner son sourire derrière ses réponses.
Pour certains, on sentait qu'ils avaient envie juste de s’exprimer. Faire entendre leur voix, écrire quelque chose sur cette toile au moins, pour que ça reste inscrit quelque part. En d’autres termes, j’ai considéré cela comme une manière différente de faire une thérapie de groupe.
On s’assoit en cercle, chacun dit ce qui ne va pas, et on essaye par ce moyen de trouver la meilleure solution. Parce que c’est connu, lorsqu'un problème est si complexe qu'il nous étouffe, et qu'on arrive à l’exprimer de vive voix, on le libère. Il a déjà moins d'importance. On arrive très souvent par ce moyen à le résoudre. Sinon, on recommence, on fait une nouvelle session, et ainsi de suite…
Ayant lu tout cela, et consulté d’autres blogs également, qui m’ont nourri l’âme de la médiocrité quotidienne et de certains comportements, j’ai eu une idée formidable. Pourquoi ne pas réunir tous les leaders politiques dans le salon de madame Tazi ?
On les met tous là et on les laisse discuter. Régler leurs petites chamailleries internes jusqu’à ce qu’ils sortent avec un résultat. Je propose même de laisser madame Tazi diriger le débat. En matière de calmer les esprits, elle s’y connaît très bien.
N’est pas malin ?
Parce que là on traîne, on traîne… Cela fait plus de quatre mois que le parlement est élu, et on ne voit pas le bout de la parcelle de la lueur d’espoir pour la constitution d’un gouvernement. Il n’est question que de chamailleries des uns et des autres, et de mauvaise foi. On se croirait dans une cour d’école. Je lis les journaux moi, et ces derniers temps, je ne vois rien qui puisse nous sortir de ce marasme.
Combien sont-ils en tout ? Une bonne cinquantaine, une centaine même ?
Ils ne peuvent pas, au nom de l’intérêt national, se mettre autour d’une table et discuter comme des grandes personnes ?
C’est dommage, ils ont raté le formidable village de la COP 22, ç’aurait été tout indiqué pour cela. Je propose même qu’on leur fasse monter un chapiteau géant. Au point où nous en sommes, c’est un moindre mal de dépense sur le budget de l’état.
L’avantage d’avoir tous les partis en même temps, c’est qu’ils peuvent déjà se séparer en deux clans. Deux groupes, comme une équipe de football. Toi tu vas à droite, toi à gauche, toi tu fais l’arbitre… et voilà.
Après cela, ceux qui choisissent d’être dans l’opposition s'en vont.
Mais une fois pour toutes ! Ce qui veut dire, ils ne partent pas un jour et reviennent le lendemain. Finis ! On choisit son clan et on accepte de jouer le jeu. On est des grandes personnes, on est responsable de ses choix politiques.
Messieurs : vous prenez tout un pays en otage ! Rien ne fonctionne, aucune loi ne passe, le parlement est au chômage et grassement payé par l’argent du contribuable… Autant dire, nos petites poches… etc. etc.
Wahhh ! Vous nous prenez pour des poires ou quoi ? On n’est pas des ballons de foot. Et si on l’était, il en faudrait 33 millions ! Vous imaginez, trente-trois millions de ballons de foot  en train de rouler par terre ? Les rues seraient saturées, il faudrait trouver un moyen de les stocker…
Donc, je continue mon raisonnement. Une fois que l’opposition s'éclipse, là c’est plus tranquille. Ils se retrouvent entre personnes qui sont censées avoir des points de vue assez proches. Ils restent là, et on ferme la porte. Ils ne sortiront qu’une fois le gouvernement constitué, avec une distribution générale de tous les portefeuilles ministériels. On leur apportera tout ce qu’il leur faudra en nourriture et boissons, et même des lits de camp si la discussion dure plusieurs jours. Ce sera notre conclave.
Ce n’est pas formidable, ça ?
Le Conclave des Partis Politiques Marocains. Ce qui fera en sigle CPPM. Un beau souvenir, que l’on pourra se rappeler au futur, avant de commencer à organiser les élections. On exigera que vous choisissiez vos camps et ensuite, nous voterons en étant sûrs d’être dans une tendance et pas dans une autre. Parce que là, c’est la pagaille.
Je continue donc. On va surveiller la cheminée de notre conclave, et tant que la fumée du soir sera noire, on patientera. Mais on sera rassurés, sachant que c’est pour la bonne cause. Le jour où ils émettront la fumée blanche, nous on explosera de joie. Vous voyez l’image ? Trente-trois millions de Hourras !!!
Tiens, je viens d’avoir une autre suggestion, pour le cas où ils ne trouveraient pas l’idée bonne. Ce serait une manière de les sensibiliser un peu à cette proposition, un clin d’œil en quelque sorte. Pourquoi on ne se donnerait pas tous rendez-vous un dimanche, et on décide d’allumer tous nos braseros ? Pas un grand rassemblement, juste des comités dans chaque rue, et quelques petites places.
Je vous assure, ce n’est pas bête du tout.
D’abord on pourrait appeler des sorciers pour désenvoûter le champ politique malsain. Leurs bonnes herbes peuvent être utiles il paraît, et sinon ça fera un formidable nuage de fumée âcre, qui va les atteindre et les faire tousser, afin qu’ils réfléchissent aux conséquences de leurs fâcheries sur nous.
Et puisqu’on y est, pourquoi ne pas faire un gros barbecue de l’amitié ?
Un dimanche, comme ça. Tout le monde sort son petit brasero et fait des boulfafs et autres spécialités de brochettes délicieuses de notre très bon terroir. Juste dans l’idée du partage et de la convivialité, on ne va rien revendiquer. On est des gens pacifiques et on aime bien la bonne bouffe.
Je suis sûre que si l’odeur les atteignaient, ils rappliqueraient ventre à terre. C’est connu, pour appâter le marocain, invite le pour un succulent plat de viande. On adore la nourriture et la bonne chair, personne ne peut résister à cela.
Enfin, on attendra qu’ils se soient bien sustentés, on leur demande d’entrer dans le chapiteau pour une petite sieste. Et hop ! On les enferme.

Ce ne sont pas des bonnes idées ça ? Vous en pensez quoi ?

dimanche 5 février 2017

Chronique : Le combat du jour et de la nuit. Episode 3




Mes derniers articles publiés sur le Huffington post m’ont valu une plus grande visibilité et des remarques de différentes sortes. Je vous rassure tout de suite, je ne suis ni harcelée ni menacée, mais il se dégage de certains commentaires, extrêmement minoritaires d’ailleurs, que je distille une certaine liberté d’esprit. Certains l’ont même qualifiée de vénéneuse, tandis que d’autres se demandent pourquoi j’ai parlé dans mon dernier article d’une chose aussi basique et usité chez nous que la séparation d’espaces dans les salons de coiffure.
J’aimerai d’abord faire une mise au point concernant ceux qui me lisent d’aussi loin et qui croient que je suis un « troll » du huffpost, un prête-nom à la solde de l’occident, qui serait entré au Maroc comme "un cheval de Troie".(Je vous assure, je cite là certains commentaires.)
Je vais me présenter pour ceux qui ne me connaissent pas : je suis une mère de famille tout ce qu’il y a de plus banale et de commun. Je ne suis ni activiste ni même militante de la cause féministe, j’en profite pour les saluer à cette occasion.
Mon parcours est classique, j’ai participé à la défense de ma profession et à diverses associations caritatives, et j’ai élevé mes enfants. Je n’ai jamais cherché à me faire un nom dans ce que j’entreprenais ni à m’élever au-dessus de la masse. J’ai même cessé d'être engagée dans certaines associations qui me mettaient trop en vue, et je fais mes petites actions dans la discrétion, toute seule dans mon coin.
C’est ce qui se passe ces derniers temps qui me fait sortir de l’ombre. Je remercie un ami, il se reconnaîtra sûrement, qui a dit il y a quelques jours, et en public, que j’étais une maman poule. Oui, je suis une mère poule et je le revendique haut et fort. Quelqu’un a dit un jour qu’il faut faire de ses faiblesses une force, et c’est cela qui m’anime. Je suis une mère qui se préoccupe de l’avenir de ses enfants, qui ne voudrait pas partir un jour et les laisser dans une société où les libertés sont de plus en plus bafouées.
Quand je lis que des jeunes filles se font agresser parce qu’elles portent des robes et des jupes cela m’enrage. Quand je vois dans le quartier où je travaille des petites filles, même pas encore nubiles, obligée de porter un voile qui leur étouffe le cou et la tête, et les fait transpirer et embraser les joues de chaleur, je m’indigne. Quand des jeunes filles sont enfermées chez elle jusqu’à leur mariage ou bien qu’une fois mariées, on les oblige à porter le khimar… Je ne sais plus quoi dire. Mon vocabulaire ne comporte plus d’autres mots pour marquer ma consternation.
Quand j’entends une ancienne ministre de la famille, Nezha Skalli, une consœur par ailleurs, dire que les centres d’écoute pour femmes violentées et battues se sont transformés en centres pour " Al Wa3d wal Irchad", autrement dit pour mes amis francophones "Éducation et conseils religieux" cela me fait sortir de mes gonds. Et c’est ça l’objet de mon dernier article. Certains essaient de faire bouger les lignes de démarcation, créent de nouvelles niches de flou juridiques pour une autre forme de répression… Je ne vise pas un parti politique en particulier, mais tous ceux qui mettent en avant l’idéologie religieuse conservatrice AVANT les droits de l’homme. Une gouvernance avec une idéologie de cette sorte a un impact même sur les organismes de toutes sortes qui travaillent avec les autorités publiques. Et pour revenir par exemple sur ces centres-là, qui sont censés défendre les femmes agressées : au lieu de continuer à jouer le rôle pour lequel ils ont été créés, c’est-à-dire soutenir les femmes et leur offrir une aide psychologique, juridique et judiciaire, ils leurs donnent des conseils d’un autre genre, ou du moins avec un impact différent. Juste un chiffre pour vous éclairer, il y en a 400 répartis sur tout le territoire.
Alors moi, dans mon petit coin, derrière l’écran de mon ordinateur, je sors de terre. Non pas pour gonfler mon ego ou gagner de l’argent (aussi bien mes écrits sur mon blog que dans le journal en ligne cité plus haut, je ne gagne aucun centime), mais pour dénoncer l’effritement des différentes libertés individuelles dont j’ai bénéficié moi-même dans ma jeunesse, ou ceux que j’ai acquis au fil du temps.
C’est en revendiquant même les choses qui peuvent sembler banales qu’on ne se laissera pas faire. Le moindre combat pour garder juste la situation qu’on avait avant est une lutte juste. Je ne cherche même pas encore à repousser les lignes des libertés, juste à maintenir le statu quo, à ne pas nous laisser nous envahir. C’est le seul héritage que j’espère pouvoir laisser un jour à mes enfants. Et pour utiliser une métaphore : Je suis peut-être une goutte d’eau dans une mer d’engourdis, mais je la parfumerai de l’amertume de tous ceux qui n’ont pas voix au chapitre, afin que ceux qui veulent empoisonner mon pays d’idées venues directement du Moyen-Orient et du Khomeinisme s’étranglent avec.
Dans la vie il y a toujours une croisée de chemin, un choix à faire, et qui s’impose parfois comme une évidence. À partir du moment où j’ai décidé de rendre mes écrits publics, j’ai décidé de ne pas me taire et de défendre les causes justes. Cela me vaut les critiques de personnes qui ne partagent pas mon point de vue, mais je ne me tairai pas. Je suis un lustre peut-être, mais je choisis d’être celui qui éclaire la société sur les dérives de l’obscurantisme. 
La limite entre l’islam éclairé et celui de la prédiction, des interdits et des pratiques forcés peut sembler nébuleux pour certains, mais c’est justement ce clair-obscur qui doit être délimité par les gens qui nous gouvernent afin d’éviter ce genre de dérives.
J’adore mon pays, ma démarche est justement patriotique, parce que je veux le meilleur pour lui. J’aurais pu rester frileuse dans mon coin et écrire sur la beauté de la vie ou sur la romance, ce que d’après certains connaisseurs je maîtrise un peu, mais j’ai fait ce choix-là et je m’y conforme. Si cela ne plaît pas à certains de mes amis, c’est bien dommage. J’aurais aimé les garder, mais c’est leur choix aussi. Si cela me vaut de nouvelles amitiés : Bonjour et Bienvenue ! Mon cœur est assez grand pour vous englober tous.

Avec toute mon affection. Meriem


jeudi 2 février 2017

Chronique et lien de la Tribune publiée : Le combat du jour et de la nuit



Article du 2 février 2017 // 


C’était un beau matin de février. Le jour était sorti vainqueur de sa bataille avec les derniers limbes de l’obscurité, le soleil commençait même à faire reculer la froideur et le gel de l’enfermement sur nous-mêmes. Un matin d’espoir et de nouveaux projets, jusqu’à ce que j’allume la radio et que j’écoute les informations : le conseil de la ville de Fès avait décidé d’interdire la mixité dans tous les Spas et salons de beauté. Et c’est là que j’ai arrêté de boire mon café.
Une seconde de réflexion et voilà mon esprit en train de galoper : je ne pourrais pas faire le sport avec mes amis et mon coach, je ne pourrais pas me faire couper les cheveux par mon coiffeur préféré… puis viendra le moment où je ne pourrais pas monter dans un taxi conduit par un homme, où il y aura une séparation dans les bus, où les cafés et restaurants auront des salles pour femmes et d’autres pour hommes, où je serais obligée d’inscrire mes enfants dans deux écoles différentes… Et la plage ? Et la piscine ?
Une impression de déjà-vu se dégage de tout ça, pourtant je ne rêve pas, me dis-je. Des choses lues dans la littérature sur les sombres siècles ? Une imitation de traditions et cultures rétrogrades un peu lointaines ?
Mais j’y pense : Et le cinéma, le théâtre, ainsi que tous les spectacles ? Ils auront des séances différentes pour chacun des sexes… Oups ! j’ai dit sexe... on va me guillotiner...



Je crois que je vais arrêter de boire le café, c’est une boisson masculine qui me donne des idées perverses.



Hésitations sur cet article le 3 Février 2017

Cette tribune a récolté des vues que je n’aurais pas imaginées possibles après moins de 24 heures. Elle était censée être un clin d’œil amusant, une satire. Utiliser la dérision pour dénoncer les dysfonctionnements de notre société, je m’y suis mise en scène comme un clown sans nez rouge. Elle a pris trop de proportions, c’est dire le malaise qui règne et le besoin des gens pour l’exprimer. Elle ne représente plus l’actualité en cette fin de journée, les nuances du communiqué officiel m'ont poussé à écrire une mise à jour. Elle est sous forme d'un article que j'ai publié sur le Huffington post.
Merci à tous ceux qui me lisent. Je vous laisse l’image néanmoins, c’est une citation que je trouve très belle, et qui est tout à fait représentative de mon état d’esprit.



Mise à jour le 3 Février 2017 dans l'après-midi: Voilà le lien de l'article que je viens de faire publier par le Huffington post et qui parle de ce sujet:

http://www.huffpostmaghreb.com/meriem-h-hamou/le-marocain-un-citoyen-de-seconde-zone-dans-son-propre-pays_b_14596464.html