Je persiste et signe.
http://www.huffpostmaghreb.com/meriem-h-hamou/le-marocain-un-citoyen-de-seconde-zone-dans-son-propre-pays_b_14596464.html
Mes derniers articles publiés sur le Huffington
post m’ont valu une plus grande visibilité et des remarques de différentes
sortes. Je vous rassure tout de suite, je ne suis ni harcelée ni menacée, mais
il se dégage de certains commentaires, extrêmement minoritaires d’ailleurs, que
je distille une certaine liberté d’esprit. Certains l’ont même qualifiée de
vénéneuse, tandis que d’autres se demandent pourquoi j’ai parlé dans mon
dernier article d’une chose aussi basique et usité chez nous que la séparation
d’espaces dans les salons de coiffure.
J’aimerai d’abord faire une mise au point
concernant ceux qui me lisent d’aussi loin et qui croient que je suis un
« troll » du huffpost, un prête-nom à la solde de l’occident, qui
serait entré au Maroc comme "un
cheval de Troie".(Je vous assure, je cite là certains commentaires.)
Je vais me présenter pour ceux qui ne me
connaissent pas : je suis une mère de famille tout ce qu’il y a de plus
banale et de commun. Je ne suis ni activiste ni même militante de la cause
féministe, j’en profite pour les saluer à cette occasion.
Mon parcours est classique, j’ai participé à la
défense de ma profession et à diverses associations caritatives, et j’ai élevé
mes enfants. Je n’ai jamais cherché à me faire un nom dans ce que
j’entreprenais ni à m’élever au-dessus de la masse. J’ai même cessé d'être
engagée dans certaines associations qui me mettaient trop en vue, et je fais
mes petites actions dans la discrétion, toute seule dans mon coin.
C’est ce qui se passe ces derniers temps qui me
fait sortir de l’ombre. Je remercie un ami, il se reconnaîtra sûrement, qui a
dit il y a quelques jours, et en public, que j’étais une maman poule. Oui, je
suis une mère poule et je le revendique haut et fort. Quelqu’un a dit un jour
qu’il faut faire de ses faiblesses une force, et c’est cela qui m’anime. Je
suis une mère qui se préoccupe de l’avenir de ses enfants, qui ne voudrait pas
partir un jour et les laisser dans une société où les libertés sont de plus en
plus bafouées.
Quand je lis que des jeunes filles se font
agresser parce qu’elles portent des robes et des jupes cela m’enrage. Quand je
vois dans le quartier où je travaille des petites filles, même pas encore
nubiles, obligée de porter un voile qui leur étouffe le cou et la tête, et les
fait transpirer et embraser les joues de chaleur, je m’indigne. Quand des
jeunes filles sont enfermées chez elle jusqu’à leur mariage ou bien qu’une fois
mariées, on les oblige à porter le khimar… Je ne sais plus quoi dire. Mon
vocabulaire ne comporte plus d’autres mots pour marquer ma consternation.
Quand j’entends une ancienne ministre de la
famille, Nezha Skalli, une consœur par ailleurs, dire que les centres d’écoute
pour femmes violentées et battues se sont transformés en centres pour " Al Wa3d wal Irchad", autrement dit
pour mes amis francophones "Éducation
et conseils religieux"
cela me fait sortir de mes gonds. Et c’est ça l’objet de mon dernier
article. Certains essaient de faire bouger les lignes de démarcation, créent de
nouvelles niches de flou juridiques pour une autre forme de répression… Je ne
vise pas un parti politique en particulier, mais tous ceux qui mettent en avant
l’idéologie religieuse conservatrice AVANT les droits de l’homme. Une
gouvernance avec une idéologie de cette sorte a un impact même sur les
organismes de toutes sortes qui travaillent avec les autorités publiques. Et
pour revenir par exemple sur ces centres-là, qui sont censés défendre les
femmes agressées : au lieu de continuer à jouer le rôle pour lequel ils
ont été créés, c’est-à-dire soutenir les femmes et leur offrir une aide
psychologique, juridique et judiciaire, ils leurs donnent des conseils d’un
autre genre, ou du moins avec un impact différent. Juste un chiffre pour vous
éclairer, il y en a 400 répartis sur tout le territoire.
Alors moi, dans mon petit coin, derrière l’écran
de mon ordinateur, je sors de terre. Non pas pour gonfler mon ego ou gagner de
l’argent (aussi bien mes écrits sur mon blog que dans le journal en ligne cité
plus haut, je ne gagne aucun centime), mais pour dénoncer l’effritement des
différentes libertés individuelles dont j’ai bénéficié moi-même dans ma
jeunesse, ou ceux que j’ai acquis au fil du temps.
C’est en revendiquant même les choses qui peuvent
sembler banales qu’on ne se laissera pas faire. Le moindre combat pour garder
juste la situation qu’on avait avant est une lutte juste. Je ne cherche même
pas encore à repousser les lignes des libertés, juste à maintenir le statu quo,
à ne pas nous laisser nous envahir. C’est le seul héritage que j’espère pouvoir
laisser un jour à mes enfants. Et pour utiliser une métaphore : Je suis
peut-être une goutte d’eau dans une mer d’engourdis, mais je la parfumerai de
l’amertume de tous ceux qui n’ont pas voix au chapitre, afin que ceux qui
veulent empoisonner mon pays d’idées venues directement du Moyen-Orient et du
Khomeinisme s’étranglent avec.
Dans la vie il y a toujours une croisée de chemin,
un choix à faire, et qui s’impose parfois comme une évidence. À partir du
moment où j’ai décidé de rendre mes écrits publics, j’ai décidé de ne pas me
taire et de défendre les causes justes. Cela me vaut les critiques de personnes qui ne partagent pas mon point de vue, mais je ne me tairai pas. Je suis un lustre peut-être, mais
je choisis d’être celui qui éclaire la société sur les dérives de
l’obscurantisme.
La limite entre l’islam éclairé et celui de la prédiction, des interdits et des pratiques forcés peut sembler nébuleux pour certains, mais c’est justement ce clair-obscur qui doit être délimité par les gens qui nous gouvernent afin d’éviter ce genre de dérives.
La limite entre l’islam éclairé et celui de la prédiction, des interdits et des pratiques forcés peut sembler nébuleux pour certains, mais c’est justement ce clair-obscur qui doit être délimité par les gens qui nous gouvernent afin d’éviter ce genre de dérives.
J’adore mon pays, ma démarche est justement
patriotique, parce que je veux le meilleur pour lui. J’aurais pu rester
frileuse dans mon coin et écrire sur la beauté de la vie ou sur la romance, ce
que d’après certains connaisseurs je maîtrise un peu, mais j’ai fait ce choix-là
et je m’y conforme. Si cela ne plaît pas à certains de mes amis, c’est bien
dommage. J’aurais aimé les garder, mais c’est leur choix aussi. Si cela me vaut
de nouvelles amitiés : Bonjour et Bienvenue ! Mon cœur est assez grand
pour vous englober tous.
Avec toute mon affection. Meriem