J’écris de l’abyme
Des eaux dormantes au ciel
Les mots sont ma résistance
Ils semblent réduire la distance
Ils remplissent le devoir qui leur échoit
Entre eux et le vide
Je me tiens,
Au seuil du crépuscule
À la croisée des fils blancs et noirs
Je les regarde s’empiler
Je fais silence
Et mesure parfois leur impudence
J’écris longuement
Enveloppant mes phrases de coudées lettrées
Qui exhaussent
J’écris pour qu’ils m’agrippent
Qu’ils m’extirpent
J’écris la fatigue
Et son langage tremblant
Sur le fil
Bordant le néant
Je parle d’apesanteur
Il en faut pour résister
À la charge d’exister
Je décris la profondeur
Des intervalles
Oscillatoires
Constellées de vertige
J’écris ce vertige qui me choit
Jusqu’à taire l’éphémère
Jusqu’à l’estompe
Je dis les maladresses
Je défais mes tresses
Je décante
Le secret des langues
Je dis la patience
J’écris le réveil
Sur l’arche blanche
Je dis l’amour et ses courbures
Le feu
Qui désaltère
Les écorchures
L’ombre de jours
En prime
Qui s’étale
Et me comprime.