Que serait l’écriture sans les changements d’humeurs, sans ces profondes
altérations qui surviennent sans qu’on sache comment. Un mot, un geste,
une image parfois, et nous voilà plongés dans les tumultes des vocables
qui prennent les nuances qu’elles veulent. On ne sait même pas ce qui
les provoque, ils se manifestent et chavirent votre barque. Vous aurez
beau vous accrocher pour naviguer à contre-courant, la vague est
tellement haute que pour la parer le mieux à faire est d’y plonger. La
creuser, la décortiquer, jusqu’à faire surgir les mots qui vont la
calmer. Le sublime s’écrit dans l’urgence, dans l’intensité du feu
déroulant qui sort de l’inconscient. Mais ce n’est qu’une fois que la
vague s’éloigne, qu’on peut aplanir le texte, qu’on peut y mettre la
cohérence qui y sied. Et c’est rarement la première intention.